Réconcilier les jeunes et le travail : une question d’adéquation, pas de génération

Par Patrice Valantin – Président de l’association Irvin

Le dernier rapport de l’Institut Montaigne consacré à la jeunesse et au travail dresse un constat éclairant et parfois contre-intuitif : non, les jeunes ne rejettent pas le travail. Ils en attendent même beaucoup. Ce qui les éloigne d’un engagement durable dans la vie professionnelle n’est pas un désintérêt, mais un profond décalage entre leurs aspirations, leurs aptitudes, et les réalités du monde du travail. Ce constat est au cœur de la mission d’Irvin, un centre de formation unique en son genre, fondé sur l’immersion, le collectif et la redécouverte des fondamentaux humains.

Une crise de l’orientation plus qu’un rejet du travail

Selon l’Institut Montaigne, 27 % des jeunes se disent insatisfaits de leur orientation, un chiffre qui grimpe à 30 % chez les jeunes actifs avancés. Cette insatisfaction n’est pas sans conséquence : elle pèse lourdement sur leur rapport au travail et sur leur engagement professionnel. Le dispositif Parcoursup, massivement utilisé (80 % des jeunes y ont recours), est pointé du doigt : jugé stressant et opaque par 77 % des utilisateurs, il alimente les frustrations tout en échouant, pour une part significative, à faire correspondre les formations avec les projets profonds des jeunes.

Irvin intervient ici comme une alternative concrète. Là où l’école oriente selon les résultats scolaires, Irvin travaille sur les aptitudes et les appétences : l’envie et la capacité. L’aptitude n’est pas un diplôme ; elle se révèle dans l’expérience vécue, dans l’effort collectif, dans le dépassement de soi au contact de la nature et du travail manuel. L’appétence, elle, naît de l’envie d’agir, de créer, d’apprendre. Ce sont ces deux dimensions qu’Irvin met en lumière pour aider les jeunes à se découvrir et se situer dans un monde professionnel encore trop fondé sur le seul CV.

La reconnaissance au cœur du lien au travail

Un autre enseignement majeur du rapport concerne la reconnaissance. Celle-ci constitue un levier déterminant d’engagement pour les jeunes. Or, ils sont nombreux à déplorer un manque de reconnaissance dans leur emploi, notamment dans leur rapport à l’autorité hiérarchique. Le sentiment de ne pas être écouté ou valorisé alimente la frustration, voire la démotivation.

Là encore, Irvin et son partenaire Skol Feniks, organisme de formation de l’encadrement de proximité, apportent des solutions opérationnelles. En formant les managers et les cadres à une autorité fondée sur l’exemplarité, l’écoute et l’exigence, ils redonnent du sens à la reconnaissance en entreprise. Car celle-ci ne s’improvise pas : elle s’organise, se construit dans la durée, dans un cadre structurant et porteur de valeurs.

Le défi de l’adéquation réciproque

Le rapport évoque un chiffre préoccupant : seuls 32 % des jeunes se disent satisfaits de leur

travail. Cela signifie que plus de deux tiers des jeunes actifs vivent une forme de désillusion ou de mal-être au travail. Ce n’est pas simplement une affaire d’individualité ou de volonté. C’est un problème structurel : la préparation des jeunes à la réalité professionnelle est insuffisante, tout comme la capacité des entreprises à les accueillir et les faire grandir.

Le programme Irvin agit sur ces deux fronts. Côté jeunes, le parcours en quatre étapes (reconnexion, période opérationnelle, entreprise-école et envol) permet une transformation profonde, durable, basée sur la confrontation à la réalité, la coopération et la confiance en soi. Côté entreprises, la formation des tuteurs et l’accompagnement sur site permettent de réduire les incompréhensions, de favoriser l’intégration et de stabiliser les recrutements.

Les compétences humaines comme pivot

Ce que révèle finalement le rapport, c’est que la majorité des tensions vécues par les jeunes au travail relèvent de compétences humaines : relation à soi, aux autres, à l’autorité, à l’engagement. Ces compétences sont trop souvent négligées dans les formations classiques, et pourtant elles sont essentielles à une insertion réussie. Elles sont le cœur de la pédagogie Irvin.

Irvin, en valorisant l’humain avant le diplôme, en travaillant sur la posture, la coopération, la résilience et l’autonomie, répond à l’enjeu central identifié par l’Institut Montaigne : celui de réconcilier la promesse du travail avec la réalité de l’emploi. Non pas en remettant en cause les exigences du monde professionnel, mais en rétablissant les conditions pour que les jeunes puissent s’y projeter, s’y engager et s’y épanouir.